Mais oui, pourquoi les chats apprécient-ils autant de grimper sur nos étagères, placards, meubles, frigo, rebords de fenêtre, voire lustres et poutres… et y demeurer ? Regardons cela d’un peu plus près.
Les chats, à l’état sauvage, sont des prédateurs qui chassent les oiseaux, rongeurs, petits lapins, lièvres, écureuils, lézards, insectes et poissons. Mais nous l’oublions parfois, les chats peuvent aussi devenir des proies pour les rapaces, renards, martres, chiens, loups et lynx. Se percher en hauteur les protège et leur permet d’observer le « monde d’en bas » pour détecter les dangers et chasser. Grimper aux arbres est un comportement naturel pour certains chats sauvages et domestiques. Le feuillage des arbres leur sert alors de camouflage. Nous parlons de chat arboricole. Les chats sont dotés de tout l’arsenal nécessaire pour cela : souplesse, agilité, puissance, griffes rétractiles, queue servant de balancier, morphologie.
Nous pouvons dire que le chat est un prédateur intermédiaire car il se trouve quelque part au milieu de la chaîne alimentaire.
Le chat, malgré sa domestication et sa vie actuelle dans nos espaces feutrés, garde cet instinct, ce besoin de se mettre en hauteur. Ceci fait partie de son comportement, c’est-à-dire de son éthologie. Se percher procure aux chats de nombreux bénéfices. Gagnons les sommets domestiques avec eux et observons ensemble !
Revenons dans notre foyer douillet. Le chat va naturellement grimper, et tout est bon à escalader, même les endroits les plus improbables. De là-haut, le chat peut observer, guetter, surveiller, anticiper un événement, trouver de la chaleur, de la tranquillité, de la sécurité et se reposer. Il est ainsi à l’abri d’autres animaux, des enfants et des humains car, à cet instant précis, il ne veut pas d’interaction et choisit de se mettre en retrait. Ceci est essentiel pour le chat qui aime garder le contrôle de son environnement. Si l’ambiance constitue à un moment donné trop de tensions, de sollicitations, prendre un peu d’altitude va lui permettre de diminuer son stress, de se rasséréner. Respectons son choix et laissons-le tranquille à ce moment-là. «Chat perché, chat apaisé !»
Les hauteurs multiplient (quel avantage !) la surface habitable car le chat vit dans les trois dimensions. Un petit appartement 50 m² peut alors devenir un grand espace de 70 m² pour le félin. L’exercice engendré par l’escalade participera également à son équilibre physique et mental.
Petit rappel : Les chats n’aiment pas spécialement être portés dans les bras donc ceci n’est pas une hauteur validée par la gent féline !
La première hauteur à laquelle nous pensons est l’inévitable arbre à chat ! Bien que cet objet soit encombrant, recouvert de poils et rarement esthétique, il représente (parfois mais pas toujours) un petit coin de paradis pour nos félins. Certes, les arbres à chats tendent à mieux s’intégrer dans nos intérieurs au fil du temps, évoluant (avec le prix) vers des designs plus jolis.
Mais, bonne nouvelle, cet accessoire peut être oublié au profit d’un aménagement créatif en utilisant nos propres meubles. Avec un peu d’ingéniosité, nous pouvons transformer nos étagères, bibliothèques et autres mobiliers en véritables terrains de jeu pour nos chats, tout en conservant l’esthétique de notre intérieur. Imaginons un chemin réalisé avec… c’est parti !… le haut du canapé, le guéridon, le fauteuil de mamie, l’étagère en cubes, la bibliothèque, le rebord de fenêtre et voilà, la moitié de la pièce a été parcourue. Un panier peut être fixé, une couverture posée, une jolie boîte découpée offrent repos et cachette…
Des hamacs de radiateur ou de fenêtre procurent encore un espace supplémentaire. Mes chats passent beaucoup de temps sur la mezzanine qui s’est transformée avec le temps en chambre, observatoire, lieu de découverte (nouveaux dodos, croquettes cachées), salle de jeux et griffoir. Un pied est totalement recouvert de sisal. Il faut alors les voir monter tels des écureuils !
Pour les plus audacieux (là, nous parlons des humains !), des éléments peuvent s’ajouter sur un pan de mur : un pont de singe, des tablettes en escalier, des bulles transparentes… pour « catifier » encore plus l’intérieur. De nombreuses enseignes développent l’idée.
Les hauteurs peuvent également représenter un lieu de ressource : coupelle d’eau ou gamelle ludique posées, carré d’herbes, dodos. Le soir, chasse aux trésors, je dépose et cache des croquettes sur toutes les hauteurs de l’appartement. Nilou et Cali les cherchent volontiers. Cela engendre de la concentration, de la mémorisation, de l’exercice, de la curiosité, plus de lenteur dans l’ingestion de la nourriture et certainement, de la satisfaction : « – J’en ai trouvé une ! ».
De plus, lors de séjours en vacances, cacher des croquettes va amener les chats à explorer ce nouvel environnement et se l’approprier.
Rappelons que les hauteurs doivent être sans faille, c’est-à-dire, solides, stables, assez larges, sécurisées (aux yeux d’un chat). Attention, les hauteurs près des fenêtres, d’un velux ou sur un balcon sont une source de danger.
Offrir des hauteurs, c’est agrandir le domaine vital des chats. Cet espace en plus, vous l’observerez, va contribuer aux courses-poursuites-jeux entre les chats. N’encombrez donc pas le passage des petites fusées ! De manière plus générale, le chat, tel un maître Feng Shui, donne priorité à la libre circulation de l’énergie donc (traduction), il préfère des espaces en long, en large et en travers mais assez épurés.
C’est aussi parfois un refuge : Nilou et Cali, très complices, sont parfois d’humeur chafoin. Cali, plus leste, se réfugie alors en hauteur lorsque des petites tensions sont présentes. Par ailleurs, Cali a fait d’une petite étagère centrale, sa tour de contrôle et sa « zone de repli petit stress ».
En cas de mésentente réelle entre chats, aménager l’espace va donner plus de possibilités aux chats de naviguer, trouver une place qui leur convient, mettre de la distance et ne pas croiser un « chat pas copain ». Si plusieurs routes sont possibles pour aller d’un point A à un point B, des conflits sont évitées. Un comportementaliste félin peut vous aider à structurer et à améliorer le domaine vital des chats, ce qui agira aussi sur leurs altercations.
Enfin, plusieurs postes d’observation, dodos, zones ensoleillées vont participer à une meilleure cohabitation. Il n’y a pas de système de hiérarchie chez le chat mais une appropriation des ressources. Par exemple, Isis sera souvent sur le lit mais Samie sera sur le fauteuil dans le salon et Oscar, sur la couverture pliée au-dessus du frigo.
Malgré un majestueux arbre à chat trônant dans un coin du salon ou de nouveaux espaces permettant l’escalade, votre petit poilu ne s’y aventure pas. Nous pouvons supposer qu’il n’a jamais eu accès à des hauteurs, surtout durant ses premiers mois de vie, ou qu’il a été réprimandé lorsqu’il montait. Nous pouvons l’aider à investir et à profiter de son domaine qui s’est étendu.
Pouvoir se mettre en hauteur est un besoin fondamental pour le chat, encore plus pour les chats ne sortant pas à l’extérieur. Tous les appartements se prêtent à libérer certaines zones.
Une dernière idée ?
Organiser ponctuellement un parcours d’agility, adapté à votre animal, pour grimper, sauter, descendre, enjamber… et surtout pour passer un bon moment sportif et ludique ensemble !
L’aménagement de vos espaces fait partie des besoins inhérents à l’espèce féline. Il n’apportera que des avantages en offrant à votre petit compagnon un supplément de bien-être.
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